Cristaux de temps – Expo virtuelle
L’exposition Cristaux de temps, commissariée par Gina Cortopassi, sera présentée en collaboration avec la plateforme de diffusion Galerie Galerie à l’automne 2023.
La spéculation trouve aujourd’hui un terreau fertile en dehors des mondes de la fiction et de la finance. Elle insémine le réel alors que l’autorité des institutions phares de nos sociétés s’épuise. L’histoire, elle, se démultiplie : elle se diffracte en d’infinies perspectives qui se coudoient dans nos espaces médiatiques et numériques. Elle est repoétisée par les artistes, armée par les militant·e·s et dénaturée par les complotistes. Le temps s’en voit aussi délinéarisé : le passé resurgit dans le présent, et le futur, loin d’être un horizon, s’infiltre en chaque instant. La production artistique actuelle est traversée de cette même tendance à l’uchronie : les scénarios possibles et les mondes futurs s’y déclinent sans relâche, alimentés et prolongés par la puissance du numérique, ses réseaux et ses avatars.
L’exposition Cristaux de temps se propose de réfléchir à cette tendance à l’uchronie en réunissant trois œuvres d’art actuel. Les temporalités parallèles qu’elles évoquent ne reposent pas exclusivement sur le récit, comme le présuppose la définition littéraire et historiographique de l’uchronie : c’est plutôt l’anachronisme des images qui crée des écarts et des décalages temporels. Les mondes d’autrefois et du futur cohabitent sur un même plan, déliant le temps présent de son évidence, de sa violence ou de sa monotonie. Le titre de l’exposition, Cristaux de temps, évoque d’ailleurs cette propension des images à « diffracter » et à multiplier les trajectoires de l’histoire et de la pensée : elles « ouvrent le temps », pour emprunter l’expression de Georges Didi-Huberman (2000, p. 217-218). La structure même du cristal – qui repose sur la répétition d’un motif – est également suggestive : elle évoque une histoire et un imaginaire faite de « retours », de ruines et d’échos du passé (et du futur).
Cette exposition en ligne réunit trois œuvres vidéographiques d’artistes travaillant en sol québécois : dickinsonia (2022) de l’artiste Charline Dally, La Fable d’OxA (2019) d’Anna Eyler et Nicolas Lapointe et Centurion (en cours) de Timothy Tomasson. Leurs esthétiques et leurs univers se relaient élégamment, et précipitent une réflexion essentielle sur l’image, le numérique et la présentation d’œuvres temporelles sur le Web.